Dunning - Kruger

Rappel historique

Pline l’Ancien, auteur au Ier siècle d’une Histoire naturelle qui fut en quelque sorte et en mieux notre première encyclopédie, mort tragiquement lors de l’éruption du Vésuve qu’il voulait voir de plus près ; Pline l’Ancien raconte comment, quatre siècles plus tôt, au temps d’Alexandre le Grand, un cordonnier – que l’on appelle en latin sutor : celui qui fait des sutures, de la couture, avec des morceaux de cuir – un cordonnier donc, examinant le détail d’une peinture du grand peintre Apelle, avait observé qu’une sandale avait été mal dessinée.

L’artiste, aussi génial que modeste, avait accepté la critique et redessiné convenablement la sandale. Alors, le cordonnier, au lieu de se contenter d’admirer la modestie d’Apelle, s’était enhardi jusqu’à critiquer à tort et à travers d’autres détails de l’œuvre. Pour toute réponse, Apelle lui avait répondu – en grec, bien sûr, mais Pline écrit en latin : « Sutor, ne supra crepidam », ce qui signifie : « Cordonnier, pas plus haut que la sandale », autrement dit : ne te crois pas compétent au point de porter des jugements au-delà de tes compétences.

C’est un phénomène que dans un langage savant on appelle l’ultracrépidarianime : la propension à se prononcer sur des sujets qui nous dépassent. On a vu cela, par exemple, au moment de la querelle, qui aurait dû rester purement scientifique, autour du Professeur Raoult, dont les prescriptions à propos de la grippe chinoise ne coïncidaient pas avec celles choisies par les instances ministérielles : des journalistes lui ont tenu tête dans un festival médiatique qui rappelait inévitablement le cordonnier d’Apelle.

L’effet Dunning-Kruger

En 1999, les chercheurs américains David Dunning et Justin Kruger, enseignant la psychologie à l’université Cornell de l’Etat de New York, ont réalisé des expériences qui ont abouti à une double-constatation : la personne incompétente tend à surestimer sa propre compétence, et surtout ne parvient pas à reconnaître la compétence de celui qui la possède véritablement.

Beaucoup se sont moqués d’eux, estimant qu’il n’y avait pas besoin de mettre au point un protocole expérimental pour découvrir cette vérité sociale consignée deux mille ans plus tôt par Pline l’Ancien, mais à vrai dire, ce qu’on appelle désormais « l’effet Dunning-Kruger », n’est pas aussi communément connu qu’on pourrait le croire, surtout à notre époque où l’on a tendance à aplanir toutes les différences, toutes les hiérarchies, y compris les plus naturelles.

Notre école : un enseignement contre l’effet Dunning-Kruger

Dans notre Ecole, nous offrons aux étudiants la possibilité de se garantir contre l’effet Dunning-Kruger en mettant à leur disposition un enseignement qu’ils sont appelés à recevoir avec la simplicité du peintre Apelle, plutôt qu’avec l’arrogance du cordonnier qui passait par là. Le savoir, la compétence, ne sont pas des choses que l’on acquiert à la naissance, ou en feuilletant des magazines, ou en participant à un jeu de questions-réponses où chacun est invité à révéler sa vérité au monde qui l’entoure.

On ne naît pas manager, on le devient. Certes, on peut avoir des prédispositions pour le management, mais on ne parviendra à rien de concret ni d’efficace sans avoir suivi une formation préalable. C’est en gardant cela à l’esprit que vous envisagez votre appartenance à notre Ecole : on ne vous demande pas d’avoir un niveau d’excellence, mais avant tout un état d’esprit, une disposition à accueillir avec simplicité d’âme la formation à laquelle vous aspirez.