Le rôle de la monnaie
Pour comprendre la théorie monétariste, il faut commencer par comprendre le rôle de la monnaie.
La monnaie est une valeur d’échange, qui, en principe, suit le volume de la production des richesses : à ce volume de production correspond donc – mais toujours en principe – un volume de monnaie servant à représenter cette richesse et à la faire circuler. Si je produis une automobile dont je fixe un prix en fonction de plusieurs facteurs : le prix coûtant, le coût du travail et la demande sur le marché, je dois pouvoir disposer d’une monnaie d’échange qui atteste la vente et l’achat, aussi bien du produit lui-même que la vente ou l’achat du travail fourni, etc.
La théorie du monétarisme
La théorie monétariste, formulée dans sa forme moderne par l’économiste américain Milton Friedman, considère donc que l’évolution de la quantité de la masse monétaire suit celle de la croissance, en finançant les transactions consécutives à l’activité économique. Quand le volume de la monnaie progresse, c’est uniquement quand progresse la production.
Or, d’autres théories, au premier rang desquelles la fameuse théorie d’un économiste britannique célèbre de la première moitié du XXe siècle, John Keynes, refusent de laisser la monnaie dans cette position de stricte neutralité : à leurs yeux, elle peut servir d’arme à la disposition du pouvoir politique pour relancer une activité économique défaillante : on donne un pouvoir d’achat au consommateur pour qu’il consomme et relance ainsi la production de sorte que, la production étant dopée, l’activité économique augmente et ainsi le surplus initial de monnaie revient à un niveau raisonnable pour évoluer de nouveau en parallèle avec le rythme de la production.
C’est ainsi, par exemple, qu’un ralentissement de l’activité, qui se traduit par une montée du chômage, peut être combattu par cette politique de relance. Mais le risque pris par cette politique est de favoriser la fabrication d’une monnaie de singe, où la valeur faciale de la monnaie ne correspond plus à sa valeur réelle.
Le monétarisme aujourd’hui
La question se pose aujourd’hui où, tant la Banque Centrale Européenne, celle des pays de la zone euro, que la Federal Reserve des Etats-Unis, pratiquent ce qu’on appelle pudiquement un « assouplissement monétaire » : pour une fois, sa traduction anglaise est plus franche : quantitative easing, facilitation quantitative, autrement dit, ce qu’on aurait appelé autrefois : faire tourner la planche à billets… On espère que cette création monétaire, supérieure à la création de richesse, sera une solution pour empêcher une perte dramatique de pouvoir d’achat pour les particuliers ou les Etats les plus vulnérables.
Mais les monétaristes y voient plutôt un problème, estimant, selon le mot de l’économiste français Jacques Rueff, que « la monnaie est un carburant qui alimente l’inflation ». Même à défaut d’inflation, récemment, la Chine, par la voix de son chef de la commission chinoise de réglementation des banques et des assurances, Guo Chuking, a alerté l’Union européenne et les Etats-Unis sur un risque de krach des marchés occidentaux, estimant que leurs valeurs boursières sont artificiellement, c’est-à-dire par un pur effet de spéculation, placées plus haut que l’économie réelle : l’avenir proche nous dira laquelle des deux pratiques, monétariste ou d’assouplissement monétaire, aura eu raison sur l’autre.
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